LIBRE CONCURRENCE

 FAUT PAS RÉVER

En ces temps de crise, où l’avenir de tout à chacun pose des interrogations, il n’est pas rare de voir des initiatives émergées de personnes qui ne souffrent pas de morosité et qui au contraire des bénéficiaires du RSA, RMI, CAF, ARS, ASSEDIC et Cie, enfin tous ceux qui se marrent en vous voyant vous lever le matin pour aller bosser, eux qui touchent  plus que vous, sans rien foutre, et bien disais-je certains fous se  remontent les manches pour améliorer leur ordinaire.

Si je devais prendre qu'un seul exemple, je choisirai ce couple à la retraite de Clermont Ferrand Georges et Suzanne, 84 et 81 ans, ont décidé de reprendre le travail. Le moyen pour ces papys débordants d’énergie d’arrondir leur retraite. Dans le quartier, commerçants et habitants se réjouissent déjà de l’arrivée de ces boulangers hors du commun.

Ce n’est pas comme à Charny où la future installation d’une troisième boulangerie pose problème et fait trembler les deux boulangers actuels. La peur est tellement grande qu’une pétition aurait été lancée contre cet « émigré » du canton pour éviter son installation imminente. Il est vrai que son projet de faire du bon pain risque de perturber les anciens de la boulange assoupie sur leurs miches ou celles de leurs dulcinées.

« libre concurrence explique que chaque entreprise commerciale a le droit d'user les moyens qui lui semblent les meilleurs pour captiver la clientèle comme la publicité commerciale, la baisse des prix, les remises, les ristournes, la mise en place d'un réseau de distribution, l'embauche du personnel  qualifié. Le seul fait d'intercepter la clientèle d'autrui n'est pas illicite en lui-même. »

Le sujet est tellement chaud qu'il fut porté à l’ordre du jour du conseil municipal de Charny, présidé par son Maire Éric Jublot, qui a dû faire suspendre la séance pour calmer les partisans du moindre effort. En l’occurrence le ban et l’arrière ban de la boulange s’étaient déplacés pour dire qu'ils allaient perdre 30% de leur chiffre d’affaire chacun. Ils ont déjà calculé leur perte, c’est formidable. Par contre ils n’ont pas calculé le manque à gagner de tous les jours, quand ils font du pain quelconque, pire que celui du supermarché d’en face, quand ils font des étouffes chrétiens en guise de gâteau avec des photocopies collées dessus.

Plutôt que de se poser la question de ce qui pourrait les différencier du nouveau venu, non, on préfère lever les moutons de « Panurge » qui ont signé cette pétition inutile et croyez-moi je sais de quoi je parle pour en avoir eu contre moi, au lieu de se retourner les manches, de se remettre en question on préfère geindre en bons Gaulois qu’ils sont.

Triste France, on n’est pas sorti de l’auberge avec des entrepreneurs de cet acabit. Moi qui aime bien mon pain quotidien je reconnais que je fais tout pour éviter d’acheter du mauvais pain, quitte à payer une baguette 80 cents autant en prendre une qui soit bonne, et cela jusqu’au soir. C’est pour cette raison que je n’achète plus mon pain à Charny. Alors si un boulanger, un vrai de vrai, celui qui pétrit son pain, celui qui sait faire des croissants qui ne sont pas congelés, celui là j’irai le tester en goûtant sa meringue. C’est mon test pour détecter un bon boulanger et les amateurs ne me contrediront pas.

Nous avions un bon boulanger à Villefranche avec du pain varié et goûteux, son seul défaut c’est qu'il voulait faire du zéro perte. Alors à 10h du matin vous n’aviez plus de viennoiserie, et si à Noël vous aviez la prudence de commander une bûche, vous aviez des chances d’avoir une bûche, mais ronde ! Malgré ces petits manques ses gâteaux étaient dignes d’un grand pâtissier de Paris. J’espère pour ma part que ses remplaçants seront encore mieux.

Voila la France que vous avez méritée, alors gardez la bien et continuez à bouffer de la « Merde » comme dirais JP Coffe. C’est dommage qu’à cause d’une bande de grincheux Charny se prive d’un élan commercial comme M. Girardot. À Charny il y a des bons commerçants, et de moins bons, pourquoi on devrait abaisser le niveau à cause d’une minorité qui refuse de faire un travail de pro. Nous sommes dans une région réputée pour sa table, alors aidons plutôt ceux qui veulent dynamiser un canton déjà en perdition et faisons taire ces incultes du goût.

   Paul Clairet